24/09/1853 – 24/09/2024 : 171 ans de colonisation française en Kanaky, ça suffit ! Soutien à la lutte du peuple kanak pour l’indépendance pleine et entière de la Kanaky

[Communiqué de la FASTI du 24/09/2024]

La Fédération des Associations de Solidarité avec tou-te-s les Immigré-e-s (FASTI) dénonce avec fermeté la répression coloniale du gouvernement Macron à l’œuvre en Kanaky (Nouvelle-Calédonie) et soutient les revendications légitimes du peuple kanak à l’indépendance et à la souveraineté totale de leur territoire. Depuis 1983, la Kanaky figure sur la liste des territoires non-autonomes à décoloniser de l’ONU et en 1988, les accords de Nouméa avaient ouvert la voie à un processus de décolonisation irréversible, par un transfert progressif de compétences et l’organisation de trois référendums d’auto-détermination. La mise en œuvre de ces accords a été difficile et constamment mise en péril par les gouvernements français et les colons sur place. Depuis l’arrivée au pouvoir d’Emmanuel Macron, la France a intensifié ses efforts pour saboter ce processus, comme l’ont rappelé les rapporteurs spéciaux de l’ONU le 20 août 2024, en accusant l’État français de « porter atteinte à l’intégrité de l’ensemble du processus de décolonisation » en tentant depuis 2021 de « démanteler les accords de Nouméa » [1] .

Alors qu’au second référendum d’autodétermination du 4 octobre 2020, il ne manquait que 9 000 voix [2] aux indépendantistes, la France a imposé, en pleine pandémie de COVID-19 et en pleine période de deuil coutumier, la date du troisième et dernier référendum d’autodétermination qui s’est donc tenu le 16 décembre 2021. Le boycott massif de cette consultation, avec un taux d’abstention de 56,13% [3], témoigne de son manque de légitimité. Pourtant, le gouvernement français persiste à entériner ces résultats.

Le projet de loi du 29 janvier 2024 qui vise à modifier le corps électoral afin de rendre le peuple kanak minoritaire sur son propre territoire, marque une nouvelle étape dans la tentative de la France de forcer un accord global qui enterrerait les acquis des accords de Nouméa. En dépit de la multiplication des manifestations pacifiques, dont celle historique du 13 avril 2024, d’une résolution du Congrès de la Nouvelle-Calédonie le 13 mai 2024, et des appels au dialogue, le gouvernement a maintenu sa ligne répressive et colonialiste.

Aujourd’hui, nous faisons face à une impasse annoncée. Officiellement, 13 personnes ont perdu la vie, dont 11 kanak [4], un territoire isolé par l’État français, militarisé et sous état d’urgence. Des milliers d’arrestations et emprisonnements arbitraires visent à étouffer toute voix dissidente, accompagnés de violations systématiques des droits humains. Parmi les victimes de cette répression, 7 prisonnier-e-s politiques de la CCAT (Cellule de coordination des actions de terrain), dont Christian Tein, nouvellement élu président du FLNKS (Front de libération nationale kanak socialiste), ont été déporté-e-s à 17 000 km de leur terre [5]. L’État français, en toute impunité, utilise ses forces spéciales, comme le GIGN qui a procédé à l’exécution de deux militants kanak. Par une mesure autoritaire et scandaleuse, TikTok a été censuré illégalement pendant deux semaines, avec l’aval du Conseil d’État, pour masquer la répression brutale [6]. C’est un fait inédit dans un pays membre de l’Union européenne, révélateur de la dérive coloniale en Kanaky. Parallèlement, des milices armées racistes sèment la terreur, avec la complicité totale de l’État, assassinant trois kanak en toute impunité [7]. Dans la province Sud, sous la direction de Sonia Backès, un gouvernement de droite coloniale applique des mesures punitives et discriminatoires [8], creusant les inégalités racistes déjà profondes [9], et appelle ouvertement au séparatisme [10].

Le 13 septembre 2024, le Haut-Commissaire de la République a annoncé un renforcement du couvre-feu sur l’ensemble du territoire, une mesure autoritaire qui témoigne de la peur d’un soulèvement populaire à l’approche du 24 septembre, date symbolique des 171 ans de colonisation française, jour de deuil pour les kanak, mais commémoré officiellement comme « fête de la citoyenneté » par la France [11].

La France s’obstine à maintenir ses intérêts géostratégiques en Kanaky, coûte que coûte. 60 ans après la guerre d’Algérie et 40 ans après les accords de Nouméa, nous assistons à une nouvelle phase de répression coloniale
Face à cette répression brutale, la FASTI exprime son soutien total aux luttes du peuple kanak et à ses revendications légitimes !

Pour :

  • L’abrogation définitive du projet de dégel du corps électoral
  • La libération sans conditions de tou-te-s les prisonnier-e-s politiques
  • La fin de la répression coloniale et de la militarisation du territoire
  • L’Indépendance et la souveraineté pleine, entière et immédiate pour la Kanaky

171 ans de colonisation française en Kanaky, ça suffit !
Solidarité avec le peuple kanak !

[1Déclaration des experts de l’ONU sur les droits des Peuples Autochtones Kanak dans le territoire non autonome de Nouvelle-Calédonie et l’Accord de Nouméa du 20 août 2020 : France : Les experts de l’ONU s’alarment de la situation du Peuple Autochtone Kanak dans le territoire non autonome de Nouvelle-Calédonie

[8« à ceux qui ont brûlé, pillé, bloqué la Calédonie, à ceux qui continuent, la province leur supprimera toutes les aides dont ils bénéficient »
https://www.liberation.fr/checknews/laide-medicale-a-t-elle-ete-suspendue-en-nouvelle-caledonie-a-cause-des-emeutes-de-mai-20240712_BG7RWNI3ERGWTBYT447KF5ZIZY/

[9les inégalités notamment provinciales et ethniques perdurent aujourd’hui, et même stagnent depuis 2009 » GOROHOUNA, S, & RIS, C (2017). Vingt-cinq ans de politiques de réduction des inégalités : quels impacts sur l’accès aux diplômes ? Mouvements, 2017/3 n° 91. pp. 89-98. https://doi.org/10.3917/mouv.091.0089.
Voir également à ce sujet : Les inégalités ethniques dans l’accès à l’emploi en Nouvelle-Calédonie − Économie et Statistique n° 464-465-466—2013 |https://www.insee.fr/fr/statistiques/1378014?sommaire=1378033
https://www.lemonde.fr/politique/article/2021/12/08/inegalites-sociales-en-nouvelle-caledonie-il-y-a-vraiment-deux-mondes-et-la-situation-s-aggrave_6105130_823448.html