50 ans de luttes

L’histoire de la FASTI s’appréhende en analysant aussi bien les actes forts que nous avons pris au cours des 50 dernières années, que l’évolution de nos positions politiques et revendications en lien avec les réalités sociales et politiques.

C’est dans les années soixante, en réponse à des conditions de vie et d’hébergement particulièrement difficiles, que notre Mouvement de solidarité envers les personnes immigrées naît et se développe dans les bidonvilles de la région parisienne. Il a donné naissance aux premières ASTE - Association de Solidarité avec les Travailleurs Etrangers – qui deviendront plus tard les ASTI. Alors que notre réseau prend de l’ampleur, 14 ASTE décident de se regrouper au sein d’un Mouvement ayant pour but commun la promotion des droits des travailleurs immigrés sur le territoire national. C’est la naissance, en mai 1967, de la FASTI – Fédération des Associations de Solidarité avec Travailleurs Immigrés.

Dans une situation d’effervescence politique et de luttes pour la transformation sociale, notre nouveau Mouvement a pour vocation de défendre dans les luttes pour les droits des immigré·e·s et l’égalité des droits entre français·e·s et immigré·e·s. Ainsi, dès 1972, notre Mouvement fédère 120 ASTI sur tout le territoire français. C’est à cette époque qu’est mise sur pied une commission Immigrée au sein de notre organisation. Cet espace permet aux étranger·e·s n’ayant alors pas le droit de se constituer en association de prendre toute leur place dans la société, d’engager des actions de leur propre initiative et de participer à la vie de la FASTI y compris au Bureau National. C’est une décision forte dans le contexte français qui interdit, depuis un décret de 1939, le droit d’association des personnes étrangères. Dans cette lancée et sous l’impulsion de cette nouvelle Commission, nous instaurons, en 1975, la parité entre français·e·s et étranger·e·s au sein des instances décisionnaires.

C’est dans ce contexte progressiste que notre Mouvement adopte officiellement son mot d’ordre d’égalité des droits entre français·e·s et étranger·e·s et que nous affirmons notre position anticapitaliste et anti-impérialiste.

La fin des années soixante-dix marque également un changement au niveau des préoccupations et des luttes du Mouvement qui souhaite alors activement renforcer la participation des jeunes et des femmes, notamment au sein des ASTI, et nous conduisons de nouvelles actions de lutte contre le racisme et les discriminations alors que l’évolution des politiques marque de plus en plus la suspicion envers les personnes étrangères.

L’année 1983 est marquée par la Marche pour l’égalité. Soutenant depuis le premier jour les luttes des premier·e·s concerné·e·s, nous nous engageons fortement dans cette démarche portant notamment des propositions pour la création de la carte de résident, la régularisation de tou·te·s les sans-papiers et la lutte contre le racisme. A la suite, nous nous engageons dans une mobilisation pour le droit de vote et d’éligibilité à toutes les élections.

C’est lors du Congrès de 1989 que les revendications de liberté de circulation et d’installation deviennent indissociables au sein du Mouvement. Une nouvelle réflexion émerge alors sur le type de société pour laquelle nous luttons : une société basée sur l’égalité des droits à travers la mise en place de la citoyenneté de résidence.

Au milieu des années quatre-vingt-dix, face aux nombreux crimes racistes de la police, nous renforçons nos mobilisations envers et avec les jeunes en mettant en œuvre différentes actions. Les plus marquantes sont l’organisation d’une rencontre nationale sur la police et la justice en octobre 1998, puis la publication d’un code de déontologie de la police.

Le début des années 2000 témoigne d’un nouveau discours sur l’immigration choisie et une augmentation des expulsions. C’est la période de l’immigration jetable, et des amalgames entre islam et terrorisme. Cette décennie est également marquée par une régression des droits et des libertés de toutes et tous au-delà du durcissement des politiques migratoires. Dans ce contexte, nous nous sommes engagé·e·s concrètement dans des luttes : la campagne pour la régularisation de tous les sans-papiers, la campagne nationale contre la double peine et encore la mobilisation en 2008 contre la « circulaire de la honte ».

Lors du Congrès de 2011, nous avons dénoncé les politiques migratoires européennes de plus en plus meurtrières et réaffirmé notre engagement dans la lutte pour l’égalité des droits avec les premier·e·s concerné·e·s, notamment les pays des Suds. Notre engagement se prolonge au sein de nombreux collectifs, particulièrement Migreurop, pour opposer une lutte collective à l’Europe forteresse. Ce contexte politique nous engage également à repenser le concept d’antiracisme, et notamment à focaliser nos réflexions sur le racisme d’État.

Dans la lignée de cette histoire, de son évolution et de l’évolution des migrations, la FASTI devient en 2014 la Fédération des Associations de Solidarité avec Tou·te·s les Immigré·e·s.

En 2017, nous avons fêté les 50 ans de notre Mouvement en réaffirmant nos mots d’ordre : féminisme, anticapitalisme et anticolonialisme.

En 2019, lors du Congrès, nous avons posé les bases d’une vie fédérale redynamisée et réaffirmé notre vision politique de l’antiracisme. Dans un contexte où les visions sécuritaires et les discriminations subies par les personnes étrangères ne sont pas remises en question, il nous est apparu nécessaire de ne pas nous laisser ensevelir sous les politiques publiques qui compliquent délibérément la vie des personnes étrangères et de celles qui les accompagnent. Nous demandons l’abrogation du code des personnes étrangères, seul code qui cible encore une partie de la population.

Abrogation du CESEDA

Les luttes portées par notre Mouvement se situent dans le prolongement de notre histoire.