Créée en 1939 au moment de la 2ème guerre mondiale, la zone franc instaure une monnaie coloniale et impose une inconvertibilité de sa monnaie hors de France. Le franc CFA, franc des Colonies Françaises d’Afrique, sera mis en place en 1945. Il deviendra le franc de la Communauté Financière d’Afrique en 1958.

Dans les années 60, malgré l’accès de plusieurs pays à l’indépendance politique, la zone franc persiste et les pays concernés sont tenus de déposer une partie essentielle de leurs réserves sur des « comptes d’opération » (encore 50 % en 2005) à la Banque de France. Ces dépôts sont placés au profit de l’économie française : en effet, cet argent permet à l’État français de placer ses devises, d’en tirer des intérêts. Une partie peut même être « prêtée » aux États africains, à un taux moindre, comme « aide » au développement de la France à ses anciennes colonies !

De plus, la parité du franc CFA avec le franc, puis avec l’euro (une monnaie "compétitive") reste fixe, ce qui pénalise ces pays dans leurs échanges commerciaux à l’international. Le transfert de franc CFA vers la France puis l’Europe est quant à lui libre, d’où fuite importante de capitaux africains. Au lieu de servir aux peuples, il ne sert qu’à enrichir les plus riches. Sans oublier que les échanges de franc CFA entre pays africains sont défavorisés, d’où les difficultés et des découragements d’échanges commerciaux entre eux.

La contre-partie était que que la France s’engageait à suppléer aux manques de devise dans leurs dettes pour les importations. Or, depuis le début de l’endettement, la France s’est désengagée et c’est le FMI qui supplée aux manques de devises avec, pour conséquence, la mise en place de Plans d’ajustements Structurels.

Enfin, encore aujourd’hui, la France est présente dans les instances des deux Banques Centrales des Etats d’Afrique : BCEAO pour l’Afrique de l’Ouest et BEAC pour l’Afrique Centrale et dispose d’un droit de veto.

Le franc CFA est un héritage colonial, il permet à la France de maintenir son contrôle financer et économique sur ses anciennes colonies.

La France a toujours réagi brutalement à la tentation d’indépendance monétaire de ces États (assassinats, aide à la prise de pouvoir par l’opposition, opérations persil en Guinée). Depuis quelques années, la mobilisation citoyenne anti franc CFA se renforce dans les pays concernés (les mouvements « France dégage ! » au Sénégal, « Balai citoyen » au Burkina Faso, le militant Kémi Seba).