Fédération des Associations de Solidarité avec Tou·te·s les Immigré·e·s

Féministe, anticapitaliste, et anticolonialiste, ces trois valeurs se déclinent dans plusieurs principes qui nous tiennent à cœur et guident nos actions depuis plus de 50 ans.

Les valeurs qui guident nos actions :

La place des premier·e·s "concerné·e·s" a toujours été au cœur des préoccupations du Mouvement, et cela dès ses origines. Notre Mouvement a toujours cherché à ouvrir ses espaces (internes, décisionnaires) aux personnes directement concernées et pour lesquelles la parole est souvent invisibilisée, délégitimée voire confisquée. Cette place des premier-e-s concerné-e-s au sein du Mouvement constitue un objectif sans cesse poursuivi.

L’autonomie des luttes est une autre préoccupation primordiale de notre Mouvement. En effet, les personnes étrangères et/ou racisées investissent aussi leurs propres espaces de luttes qui sont souvent délégitimés par leur assimilation à du « communautarisme ». Il n’y a pas de modèle unique d’émancipation mais une multitude de formes de luttes. Tout en veillant à respecter l’autonomie des luttes des premier-e-s concerné-e-s, nous apportons notre soutien à ces luttes de différentes manières (relai d’informations, aide matérielle, prêt de locaux, etc.).

La question de l’égalité est au cœur de notre Mouvement : l’égalité des droits entre les personnes étrangères et françaises, l’égalité entre les femmes et les hommes, l’égalité entre tou·te·s. Cette revendication trouve une traduction concrète dans la manière dont nous sommes organisé·e·s notamment au sein de nos instances, avec un grand souci d’horizontalité et le refus de tout fonctionnement hiérarchique et autoritaire. C’est ainsi tout naturellement que nous nous inscrivons dans le champ de l’éducation populaire par la co-construction des savoirs, par la prise en considération des opinions de chacun·e et pour l’émancipation de toutes et tous.

Par ailleurs, nous luttons contre l’ensemble des discriminations, qu’elles soient racistes, classistes, sexistes, etc. Cela se traduit par un principe fondateur de notre Mouvement : celui de l’accueil inconditionnel des personnes. Nous portons une attention particulière à la manière dont les rapports sociaux de classe, de genre et de race pourraient avoir une influence sur la situation et le vécu des personnes accueillies.

Regards croisés :

Cette dernière approche trouve un écho important avec le positionnement anticapitaliste, anticolonialiste, féministe et antiraciste adopté par notre Mouvement peu de temps après sa création. Il est en effet rapidement apparu nécessaire de lier les politiques d’immigration et les politiques d’ « accueil » au contexte dans lequel elles étaient mises en œuvre. D’un côté, ces politiques sont issues d’un contexte bien précis qui permet leur émergence et leur continuité. De l’autre, ces politiques renforcent encore plus ces différents systèmes de domination qui traversent nos sociétés.

Notre regard anticapitaliste nous permet d’analyser les politiques d’ « accueil » et les politiques migratoires au prisme du modèle économique dans lequel nous nous situons : le néolibéralisme mondialisé. L’utilitarisme économique des politiques d’immigration « choisie », de la catégorisation des personnes étrangères, du maintien des personnes dans une situation de non-droits ou de sous-droits à des fins d’exploitation se révèlent ainsi très clairement. Au-delà, c’est l’ensemble du système économique nourri par un accroissement constant des inégalités économiques et sociales que nous dénonçons.

Notre regard féministe nous permet d’analyser les conséquences des politiques migratoires et des politiques publiques avec une perspective de genre, d’en mesurer les impacts sur les Femmes et de dénoncer la manière dont elles participent à produire et reproduire les inégalités. Ainsi, nous ne cessons de lutter pour une réelle prise en compte des persécutions liées au genre dans l’examen des demandes d’asile et l’ensemble des politiques migratoires. A ces violences s’ajoutent les violences sexistes de nos sociétés actuelles. Cette perspective enrichit également nos analyses et luttes contre le racisme en prenant en compte l’imbrication des discriminations racistes et sexistes. De ce fait, nous plaçons notre analyse dans le prisme l’intersectionnalité. Nous mettons en place des actions et mobilisations pour visibiliser les femmes et leurs luttes mais également proposer des espaces visant à renforcer l’autonomie et l’émancipation des femmes.

Notre regard anticolonialiste nous permet de mesurer à quel point les politiques occidentales d’immigration s’inscrivent dans la continuité de relations nord/suds complètement déséquilibrées depuis le XVème siècle et consécutivement marquées par l’esclavagisme, le colonialisme et le néocolonialisme. Il nous permet de pointer du doigt la gestion coloniale des migrations qui se manifeste notamment par des accords inégalitaires dans l’intérêt des seuls pays occidentaux, par l’armée européenne des frontières (Frontex), par une ingérence accrue dans les territoires des Suds. Au-delà des questions migratoires, ce sont tous les autres habits du colonialisme actuel qui sont analysés et que nous dénonçons dans un objectif plus global d’égalité et d’émancipation de toutes et tous, quel que soit son lieu de résidence.

Enfin, notre regard antiraciste nous a toujours permis de visibiliser et lutter contre les rapports sociaux racistes qui traversent nos sociétés. Les politiques d’immigration et d’ « accueil » alimentent la reproduction de tels rapports, mais plus globalement aussi, les discours et les politiques qui stigmatisent et discriminent certaines populations et les quartiers populaires, le fonctionnement actuel de la police (avec les contrôles au faciès) et de l’institution judiciaire « à deux vitesses ».

Ce sont toutes ces valeurs qui guident nos actions, la manière dont nous les mettons en place mais aussi la manière dont nous pensons l’accueil des personnes reçues dans notre Mouvement.