Le racisme - approche synthétique
Extrait de la brochure pour définir le racisme et l’adjectif "racisé·e"
Quelle définition du racisme ?
D’après Véronique de Rudder, sociologue du racisme, « il n’existe pas de définition consensuelle du mot « racisme » et la plupart des analystes sont mécontents de celles qu’en proposent les dictionnaires » (cf. « Racisme », in Laacher Smaïn, Dictionnaire de l’immigration en France).
Ceci-dit, Colette Guillaumin propose une définition riche en quatre points qui développe la polysémie du terme dans le Cahier n°2 Pluriel Recherches, Vocabulaire historique et critique des relations inter-ethniques (1994) :
1. « A proprement parler, idée selon laquelle les groupes humains seraient caractérisés par des traits physiques spécifiques et des traits moraux particuliers qui les distinguent radicalement entre eux et qui sont transmis les uns et autres par voie d’hérédité somatique.
2. Désigne de façon plus étroite la croyance qu’il existe entre les groupes humains ainsi définis une hiérarchie de valeurs : certains seraient supérieurs ou inférieurs aux autres.
3. De façon plus restreinte encore, ce terme désigne un système doctrinal, un projet politique, qui proclament les droits particuliers de certains groupes à en dominer, utiliser, ou exploiter d’autres. L’ensemble des groupes étant considérés comme naturellement déterminés et préparés les uns à occupers une place dépendante et à être exploités, les autres une place dominante et « responsable ».
4. Par extension et dans un processus de banalisation qui en évacue le sens, le terme « racisme » est entendu parfois comme tout forme d’hostilité envers un groupe quel qu’il soit (national, classial, professionnel, religieux, etc.). On parlera ainsi de racisme anti-jeunes, de racisme anti-flics, etc. Cet usage est récent, certainement postérieur à la seconde guerre mondiale, et nomme « racisme » toute conduite ou appréciation hostile. »
Pourquoi utiliser l’adjectif « racisé-e » ?
Le racisme est trop souvent pensé comme la seule manifestation d’hostilités et de xénophobie entre les individus. Cette approche tend à occulter le contexte politique et socio-économique qui produit et encourage le racisme. C’est bien l’Etat qui crée des divisions au sein de la population en fonction notamment de leur origine ou religion réelle ou supposée afin de répondre aux exigences du système capitaliste. Les personnes ainsi « racisé-e-s » se retrouvent en première ligne du démantèlement du code du travail, du chômage, et de la privatisation des services publics, de la casse du système éducatif et sanitaire etc. Dans les discours publics, ces inégalités sont expliquées par une « essentialisation » des individus qui, du fait de leur origine ou religion réelle ou supposée, auraient telle ou telle caractéristique. Elles relèvent pourtant directement de la responsabilité de nos dirigeant-e-s politiques. Nous avons choisi d’employer l’adjectif « racisé-e » afin de dénoncer la politique de racialisation mise en œuvre dans notre société, c’est-à-dire la construction politique des « races » quand bien même il est certain que les « races » en tant que telles n’existent pas.
Retrouvez l’intégralité de la brochure Comprendre le racisme pour mieux le combattre